Ou plutôt, je n'aime pas le tourisme de masse à Venise.
J'aime les lieux sauvages, les montagnes, les déserts, les plages désertes (vous avez testé Ostende en novembre ? Un régal).
J'aime aussi les villes, j'adore les villes anciennes, les bijoux architecturaux, les vieilles pierres taillées avec un savoir-faire de fou, cathédrales baroques, romanes ou gothiques, vieilles ruelles.
J'aime les êtres humains, capables de tant de merveilles. Mais je déteste la foule. Les foules me font peur. Je n'aime pas les stades, par exemple...
Alors quand ma frangine et moi avons décidé d'amener notre chère moman à Venise en avril, son rêve de gamine, j'avais peur que cela soit, pour son gamin devenu paraît-il depuis longtemps un adulte, un véritable cauchemar.
Bon, ce furent juste trois jours portés par le bonheur de voir notre mère heureuse. Et cela n'a pas de prix de voir sa mère heureuse.
Cependant, il me tenait très à coeur de voir réellement Venise, cette ville dont l'histoire est si riche, qui aura influencé l'histoire de l'Art et de l'architecture. Venise, la Sérénissime, qui croule sous le tourisme de masse... Oui, j'ai eu un peu (beaucoup) honte de participer au massacre de ce joyau, mais bon, je vous l'ai dit : voir sa mère heureuse, tout ça...
Alors, je me suis levé avant l'aube un des trois matins sur place pour aller rencontrer la ville sans ses hordes de touristes hagards en short.
Pour aller rencontrer la ville et ... ses habitants, les vrais, ceux qui se lèvent aussi à l'aube pour aller au taf, ceux qui empruntent les canaux avec leurs gondoles-camions de livraison, ceux qui prennent le Vaporetto pour aller bosser, ceux qui balaient les rues, ceux qui les arpentent avec des chariots pour acheminer les centaines de tonnes de marchandises qui seront consommées dans la journée dans les innombrables petits commerces et restaurants, ceux qui s'échinent à faire passer ces lourds chariots sur les centaines de ponts de la ville, et leurs dizaines de marches chacun. Ceux qui amènent les matériaux de chantier, sacs de ciments, parpaings et autres graviers par les eaux, pour construire, reconstruire, rénover, ravaler... Car dans Venise, nulle voiture, nulle camionnette, nulle camion, tout se fait à pied ou en bateau...
Ces travailleurs sont invisibles durant la journée. Ils s'activent dès potron minet, avant que les touristes n'arrivent ou ne se réveillent, profitant d'un profond calme dans la ville qui rend alors hommage au doux surnom que l'Histoire aura attribué à cette cité lagunaire.
En sommes, je voulais montrer ceux qui peinent dans l'ombre matinale pour que les touristes soient peinards le jour.
Loin des habituels reportages de mariage, je vous propose donc ce petit reportage improvisé sur Venise et ses travailleurs de l'aube.
Oui, aux aurores, Venise est encore la Sérénissime, et à ce moment-là, oui, j'aime Venise ❤.
Après une première photo de ma chère mère et de ma chère soeur attendant un bateau, je vous invite en promenade alternative dans le Venise du matin, direction la Place Saint-Marc presque vide en passant au hasard par les rues et les ponts.
Pour aller plus loin sur la question des ravages du tourisme de masse sur Venise, je vous invite à visionner ce très bon documentaire de Linda Bengali. Il date de 2016 (avant l'interdiction d'entrée des paquebots géants dans Venise, donc) mais reste encore tout à fait d'actualité.
Photographies réalisées avec un Sony A7IV, un Sony 35mm F1.8 et un Irix 15mm f/2.4 Blackstone.
Photographie de Pino Romeo, tous droits réservés, aucun usage des photographies n'est autorisé sans l'accord de l'auteur - © 2023 - Pino Romeo