La “saison des mariages” bat son plein. Le vôtre est pour très bientôt. Il ne vous reste plus que les doigts de la main pour compter le nombre de jours avant vos noces tant attendues, tant préparées, tant rêvées.
Tout est prêt, ou presque. La salle est réservée depuis des mois, presque un an, même. Le traiteur est en train de faire ses mises en place dans son atelier et de vérifier une dernière fois la disponibilité de toute son équipe. Vous rassemblez les derniers éléments de décoration pour garnir les tables (à moins que le traiteur ou qu’un-e wedding planner ne s’en charge), vous ne dormez presque plus les nuits, en repensant à tous les détails. Bref, la tension monte et tout converge vers ce jour tant attendu … et vous recevez un sms.
« Je ne serai pour finir pas dispo ce samedi, ma fille aura poney. Désolé. ».
C’est le choc, la douche froide, l’angoisse. Vos amis vous avaient pourtant chaudement recommandé ce photographe !
Lors de vos investigations auprès des différents prestataires de mariage, vous aviez été choqués par les tarifs demandés par certains photographes, pour vous suivre pendant toute la journée et soirée de votre mariage. « Quoi ?? Plus de 2000€ juste pour appuyer sur un bouton ???! Ils profitent vraiment de la situation, ces voleurs ! ».
Certains d’entre eux avaient bien tenté de vous expliquer qu’ils sont déclarés, qu’ils paient la TVA, des charges sociales, des impôts (beaucoup d’impôts), des assurances, leur matériel qui s’use et s’abime assez vite puisqu’il est souvent soumis à rude épreuve, que c’est leur seul métier et revenu, qu’ils consacreront en tout presque deux semaines de travail pleines pour votre mariage, à vous rencontrer, faire des repérages sur les lieux avant la date, trier et développer aux petits oignons vos photos, préparer un album,… et que, au final, ils ne se paient vraiment pas grassement une fois tout cela pris en compte.
Non. Après la salle, la robe, la limousine de location, le traiteur, la décoration, le DJ, il ne restait plus, sur votre budget, que quelques centaines d’€ pour le photographe. Et c’était bien assez comme ça !
Une photographe professionnelle vous avait bien proposé de venir pendant quatre heures, pour ce budget, de la cérémonie civile au début du vin d’honneur et faire avec vous une séance de portraits dans le parc derrière la salle. Elle vous promettait de très belles photos artistiques, et insistait sur le fait de signer un contrat avec vous, qui vous garantissait, entre autres, qu’elle fasse appel à un-e collègue pro si elle rencontrait un cas de force majeure et ne pouvait honorer son contrat en dernière minute (après tout, cela peut malheureusement arriver !).
Oui mais voilà, vos amis vous avaient aussi donné les coordonnées de quelqu’un qui fait des mariages en plus de son boulot. Il a un bon appareil pro, sa page FB avait l’air sympa et ses photos aussi (de toute façon, vous étiez les premiers à dire que vous n’y connaissiez rien en photo !). Mais surtout, il resterait auprès de vous toute la journée et la soirée du mariage et vous livrerait toutes les photos qu’il aurait prises, tout ça pour quelques billets de 50€. « Vous me paierez le jour-même. » vous avait-il simplement déclaré lors de votre unique discussion au téléphone.
« Pourquoi payer plus pour avoir moins en choisissant un professionnel ? ».
La question s’est vite posée à ce stade de vos recherches et vous avez vite tranché, convaincus que vous ne seriez pas les vaches à lait de vampires assoiffés de vos liquidités monétaires !
En toute confiance et satisfaction, vous avez donc remercié la professionnelle (oui, vous êtes polis ! ) et avez confirmé auprès de l’autre. Une chose de réglée.
Et puis, à quelques jours de votre mariage. Il vous lâche. Il n’y avait pas d’acompte, pas de contrat, rien qui ne l’enchaîne à une obligation de résultat. Il vous lâche, simplement et vous laisse dans la m…
Panique à bord.
Vous (re)contactez en désespoir de cause les professionnels de la région, qui sont tous et toutes pris-es, bien sûr. La plupart d’entre eux, dont le sérieux et la qualité de leur travail n’est plus à prouver, sont réservés longtemps à l’avance…
Mais vous avez un peu de chance dans votre malheur. Votre fauxtographe vous a lâché à 5 jours de votre mariage ce qui vous laisse le temps de mettre un mot désespéré sur FB et de récolter, en quelques heures, des centaines d’autres fauxtographes qui se battront pour faire vos photos, à nouveau pour quelques billets.
Vous êtes sauvés.
Pourtant.
Il n’est pas du tout, mais pas alors-là pas du tout du tout garanti que les photos que vous recevrez auront le même « cachet » que celles que vous auriez reçues de la gentille pro qui vous promettait seulement 4 heures de présence. Mais ce n’est peut-être pas le plus important pour vous.
Il n’est pas du tout, mais pas alors-là pas du tout du tout garanti que vous recevrez tout simplement vos photos. Là, c’est plus gênant ! Le fauxtographe ou la personne qui viendra vous dépanner n’aura sans doute qu’un seul appareil photo avec un seul objectif (zoom de kit, certainement) et une seule batterie. En cas de panne… c’est mort (un-e pro digne de ce nom arrive avec au moins deux appareils photos, souvent trois, et plusieurs objectifs, batteries, etc… pour pallier toute panne, entre autres).
Il n’est pas du tout, mais pas alors-là pas du tout du tout garanti que vous recevrez tout simplement vos photos. Sa carte SD va peut-être lâcher, oui, ça arrive… (un-e pro digne de ce nom utilise des appareils photos qui contiennent deux cartes SD, pour ne jamais risquer de perdre les photos si l’une d’entre elle lâche).
La liste de ce qui n’est pas du tout, mais alors pas du tout garanti n’est pas du tout exhaustive…
Et, … imaginez simplement si le fameux fauxtographe vous avait lâché le matin même de vos noces ? Comme cela s’est déjà vu et revu des dizaines de fois…
Bref, vous êtes adultes, majeurs et vaccinés et assumez vos décisions. Même si celles-ci reviennent à jouer à la roulette russe avec une partie de vos futurs souvenirs, et pas forcément pour économiser du budget. Car, que vous ayez 500€, 1200€ ou 2800€ de budget de prévu pour les photographies de votre mariage, un-e professionnel aura souvent une prestation sérieuse et garantie à vous proposer, même si elle paraîtra moins alléchante que la majorité des offres des fauxtographes.
La différence sera finalement dans votre choix : qualité ou quantité ?
Quelques précisions en vrac :
- Définition du photographe professionnel : personne dont la photographie est le seul ou principal métier et constitue la source unique ou principale de revenus.
- « Photographe professionnel », ne signifie donc pas qu’une personne fait des bonnes photos, ni même, d’ailleurs, qu’elle est diplômée. Vous trouverez d’excellents photographes chez des amateurs fauxtographes au black et des très moyens chez les professionnels. La différence est donc uniquement une question de statut, et dans l’obligation de résultat liée à un contrat, et au final, dans les garanties et protections du client…
- Vous qui êtes salarié-e-s (en Belgique), savez-vous que pour chaque 1000€ de salaire net que vous recevez chaque mois, votre employeur en verse plus de 2500€ de salaire brut, de charges sociales et de cotisations patronales ? Sauf si votre emploi est subventionné, bien sûr…
- Savez-vous que quand vous payez 1000€ à un indépendant qui déclare tout son revenu (il y en a plus que vous ne le croyez…) il ne gagnera réellement, au final, que 300€ ?
- Savez-vous qu’un-e photographe professionnel (déclaré à temps plein, donc) qui fait un reportage complet pour 2000€ se paiera généralement moins qu’un fauxtographe qui fait un reportage pour 700€ (au black)… Demandez à un comptable…
- Ne sont donc pas forcément les plus profiteurs celles et ceux que l’on croie …
- Une différence objective, parmi d’autres, est que le photographe au black ne paiera pas d’impôts, qui serviraient par exemple à payer les profs de vos futurs enfants…
- Mon but n’est pas ici de vous convaincre de mettre plus de budget dans le photographe de votre mariage. Les sources de revenus ne sont pas extensibles à souhait et vous seul-e-s décidez de ce qui est le plus important pour vous, en fonction du budget qui vous est disponible.
- Je cherche juste à remettre quelques différents aspects en perspective et de rappeler certaines vérités trop souvent écartées en ce qui concerne ce métier (qui en est encore un, et qui le restera encore longtemps, j’en suis certain !).
- Bref, réfléchissez à ces quelques considérations avant de faire le choix de votre photographe pour votre mariage et, surtout, tournez votre langue sept fois dans la bouche (et vos neurones dans la boite crânienne…) avant de traiter de voleurs et de profiteurs des professionnels passionnés, qui pour nombre d’entre eux ou elles, ont sacrifié beaucoup de choses dans leur vie pour exercer ce métier…
- Cette réflexion s’applique à énormément de professions artisanales, qui sont pratiquées au black par de nombreuses personnes, plus ou moins compétentes et honnêtes.
- Ce billet n’est pas inspiré par la peur, la jalousie ou la frustration. Tout va bien pour moi, merci !
- Ce billet d’humeur est juste inspiré par les nombreuses demandes urgentes et désespérées que je reçois, en cette période estivale, par des futurs mariés qui avaient fait appel à un-e fauxtographe, en croyant réaliser une économie, et qui leur claque dans les doigts au dernier moment.
Pino Romeo
Article publié le 23/08/2016 et mis à jour en 2019.